HISTOIRE ET TRADITION DE LA BARATTE

La Baratte, machine à battre le lait....

L'origine du nom baratte qui remonte à 1549 vient du verbe baratter dont l'origine scandinave est barâtta, "combat", puis de baratte "agitation" en 1546 et "agiter" en 1583. La baratte est une machine qui sert à battre le lait pour en obtenir la beurre. Bien avant d'être l'immense jardin que nous connaissons et pendant plusieurs siècles, le quartier de la Baratte fut dédié aux activités agricoles (pacages et cultures).

En effet, l'agriculture et le jardinage sont une histoire ancienne à la Baratte (ainsi que dans le quartier du Mouësse). Des exploitations agricoles ont été bâties dès le XVIe siècle . La Baratte forme d'abord un hameau. Bocages et marécages se côtoyaient alors.

Un environnement archéologique de proximité

Située à l'est de Nevers, en bordure de Loire, la Baratte évolue dans un environnement archéologique de proximité qui permet de ressituer l'histoire locale :

- Chemin antique de l'époque romaine entre Saint-Eloi et Nevers,

- Maladerie de Saint-Lazare (an 840) et petite chapelle de la fin du XIe siècle, devenue cure en 1696 avec jardins attenants,

- Deux tourelles du château de la Baratte remontent au XVIe siècle, voire XVe siècle,

- Eglise de Chaluzy qui remonte au XIIe siècle,

- Eglise de Saint-Eloi bâtie peu après 1235......

La vigne, la pomme de terre, les cultures légumières.....

La vigne était cultivée sur les hauteurs aux Montots (Saint-Eloi), dans toutes les exploitations et tout près de la Baratte, à Saint-Lazare, depuis fort longtemps. Au Moyen-âge, les vignobles couvraient les côteaux qui dominaient la Loire. Les meilleurs vins étaient récoltés sur la rive droite de la Loire et faisaient l'objet d'un commerce local. Au XVe siècle, ceux-ci étaient acheminés par bateaux car des marchandises de toutes sortes transitaient par le fleuve.

Au XVIIIe siècle, la pomme de terre fut introduite dans la Nièvre mais l'agriculture assez médiocre n'avait pas tellement progressée depuis le Moyen-Age. La population est à cette époque en augmentation et l'industrie de la métallurgie se développe. Vers 1790, dans les faubourgs, plusieurs milliers de neversois se livrent à des activités agricoles. Les activités de cultures légumières s'étendent à tout l'est de Nevers ; le Mouësse, la Baratte, les Sablons, les Montots (de Saint-Eloi).

Dès 1708, les jardiniers se réunissent en Confrérie sous la protection de Saint-Fiacre

Les jardiniers se sont réunis en Confrérie sous la protection de Saint-Fiacre dès 1708. Sous le second empire, lors de son passage à Nevers, les jardiniers acclament Napoléon III : Vive l'Empereur, vive l'Impératrice, vive le Prince impérial ! La Saint-Fiacre donnait lieu, à la Baratte, a de grandes fêtes qui duraient trois jours avant guerre. La fête de Saint-Fiacre perdurera jusqu'au début des années 70 puis s'arrêta faute d'organisateurs. En 2005, l'Association Saint-Fiacre Loire-Baratte a remis cette fête au goût du jour associant les terroirs et apportant un volet historique et culturel aux festivités.

Plus de cent jardiniers début des années 50

Début des années 50, les jardiniers de la Baratte et des environs sont plus d'une centaine. La production de légumes est écoulée sur les marchés de gros et de détail locaux.. Un grand nombre de jardiniers-maraîchers se retrouvent sur les marchés des environs de Nevers et à Nevers même sur les marchés Carnot et Saint-Arigle (pavillon Baltard hélas aujourd'hui déposé). Hommage à notre patrimoine perdu : les marchés Carnot et Saint-Arigle

1708 - 2008 : Un tricentenaire qui inspire le respect

Le quartier de la Baratte se prépare à la commémoration du tricentenaire de la Confrérie de Saint-Fiacre. Le souvenir des anciens ne manquera pas d'être honoré. En 2008, métier, culture et patrimoine seront ainsi célébrés à travers de nombreuses festivités.

Les maisons bloc aux toits d'ardoises

Au XIXe siècle, les jardiniers-maraîchers s'établissent en grand nombre en lisière de la plaine alluviale de la Baratte. Défrichant et draînant les marécages, ils construisent leurs longues maisons, sur le faubourg de la Baratte (dans un périmètre contenu entre le petit canal creusé en 1860 et les Montots à Saint-Eloi), la rue Saint-Fiacre, la rue du Craquelin.... et la Loire. Ces maisons-bloc construites en pierre et enduites à la chaux, se caractérisent par un toit d'ardoises qui abrite logis, grange, grenier et écuries en appenti. Les jardins et les maisons-bloc signeront définitivement l'identité traditionnelle de la Baratte.

La Mère Poulard était une "Mangeux d'ail"....

Les jardiniers sont appelés les "Mangeux d'ail". L'une d'elle, dont les parents étaient jardiniers deviendra célébre pour sa fameuse omelette. Il s'agit d'Annette Boutiot qui, se mariant avec un boulanger du Mont-Saint-Michel, deviendra la Mère Poulard.

Bannières et drapeaux honorent Saint-Fiacre.... Puisses-tu, oh saint patron, à la Baratte, encore longtemps nous garder !  extrait poème Brigitte Compain
Saint-Fiacre des années 50 - Sortie de la messe - Eglise Saint-Etienne

(droit de reproduction réservé)

PERSPECTIVES POUR LE TERRITOIRE DES JARDINS MARAICHERS ET POTAGERS DE LA BARATTE

Avec le développement des transports routiers, la mécanisation, la concurrence exacerbée, le changement des modes de vie, le nombre de jardiniers-maraîchers a considérablement diminué ces trente dernières années mais est resté stable.

Heureusement, l'évolution des modes de consommation, la mise en oeuvre du développement durable, le goût pour les produits de terroir et le retour à une certaine authenticité, nous permettent d'assister aujourd'hui à un regain d'intérêt pour les productions locales de légumes de qualité produits et vendus sur place.

En outre, le lycée horticole et de cultures légumières de Plagny (situé à proximité de Nevers) constitue un vivier de vocations pour le métier de maraîcher. La Baratte offre de réels débouchés économiques qui doivent être encouragés par les acteurs économiques locaux.

Depuis plusieurs années, la ville de Nevers exerce systématiquement son droit de préemption sur le territoire de la Baratte. Fort heureusement, le passage en zone inondable d'une grande partie de ce territoire exclut les projets d'urbanisation. Ainsi, dans le cadre d'un projet concerté, la Baratte devrait par bonheur continuer de nourrir des générations futures de neversois.

Les aspects économiques ne sont plus, aujourd'hui, les seuls critères dignes d'intérêt. Dans un environnement social et écologique qui sans cesse se dégrade la protection des patrimoines culturels et paysagers, la prise en compte de la biodiversité abondent en faveur de la Baratte.....

L'obtention du classement, de type patrimonial, du site ancestral de jardinage de la Baratte mettrait un verrou à toute prolifération de l'urbanisation et devrait permettre son développement tant économique, que culturel, social, patrimonial et touristique. Le classement est un outil qui nous permettra d'assurer la transmission d'un bien commun aux futures générations.

Un projet en cinq dimensions - 1

Un projet en cinq dimensions - 2

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