La
Saint-Fiacre, fêtée par les jardiniers de la Baratte,
a réuni, dimanche 2 septembre, autour de l’Abbé Bruno Petit, les paroissiens de
Saint-Lazare et de Saint-Eloi, les adhérents et sympathisants de l’Association
Saint-Fiacre Loire-Baratte.
Cet événement intergénérationnel représente un
temps fort pour l’identité culturelle du quartier des jardiniers. Cette année
encore tous les âges étaient représentés, des enfants aux jeunes gens et adultes.
Le doyen de la fête, M. Louis Fassier, qui soufflera ses 100 bougies l’an prochain,
n’a pas manqué l’occasion de participer aux réjouissances. Après les chants, prières
au saint patron et partage des brioches dans l’église, Jean-Baptiste Murez, maître
en histoire et membre du conseil d’administration de l’association, a emmené l’assistance
à travers l’histoire de la levée de Saint-Eloi qui retient la Loire et protège
le val maraîcher. Le repas traditionnel composé de plats gastronomiques accompagnés
de spécialités légumières locales a clôturé cette belle journée.
La Saint-Fiacre
annonce la 7ème fête des « Mangeux d’ail », du patrimoine et des terroirs qui
se tiendra le 16 septembre sur le Clos Monard, jardin champêtre de l’association
Saint-Fiacre Loire-Baratte, faubourg de la Baratte. Au programme, vente d’ail,
d’oignons et d’échalottes, produits locaux, artisanat, exposition, barbecue....
Visite guidée et commentée du val de la Baratte à 15 h 30.
Prières
au bon Saint-Fiacre
Pour que le val maraîcher de la Baratte contribue
encore longtemps à l’autonomie alimentaire de Nevers et ses environs.
Pour
que le travail de maraîchage suscite des vocations et apporte joie, paix et satisfaction
à ceux et celles qui le pratiquent.
Pour que les semences restent libre d’accès
aux paysans de tous les continents.
Pour que les céréales cessent d’être l’objet
des spéculations financières.
La levée de Saint-Eloi par Jean-Baptiste
Murez, Maître en histoire, diplômé de la Sorbonne, membre du CA de l’association
Saint-Fiacre Loire-Baratte
La Loire n’a pas toujours été le long fleuve tranquille
des brochures touristiques. Pendant longtemps ses abords ont été menacés par ses
caprices. Nevers et ses environs n’échappaient pas à la règle et, durant des siècles,
les riverains et les jardiniers qui nous intéressent se protégeaient de ses assauts
en construisant eux-mêmes des digues de fortune. Il fallut attendre le Premier
Empire pour qu’un véritable projet de levée, soit un remblai permanent le long
de la Loire, naisse. La décision définitive est prise par le préfet de la Nièvre
en 1813 et les travaux débutent. Dans ses premières années, la levée est constituée
en grande partie d’alluvions du fleuve et sa fragilité fait qu’elle est emportée
partiellement par de fortes inondations (1826, 1836…). Renforcée une première
fois en 1842, elle prend son caractère durable sous le règne de Napoléon III.
Après une grande enquête menée en 1861, il est décidé de la consolider (les propriétaires
dont les jardiniers participent à la collecte des fonds) : l’approvisionnement
en légumes de la ville dépend alors entièrement des maraîchers locaux, et leurs
jardins avaient été détruits par la crue en 1826, 1836 et 1846. Dès 1866 toutefois,
il faut à nouveau rebâtir l’ouvrage, du fait d’une violence de l’eau sans précédent
: franchissant la levée, pourtant haute de six mètres, elle monte, en septembre,
jusqu’à près de trois mètres dans certains secteurs ! Cette fois les mesures prises
sont définitives, l’Empereur, soucieux de la protection des villes contre les
cours d’eau, donnant même de son argent personnel pour les travaux. Par la suite,
le canal de dérivation de la Nièvre (par laquelle la Loire déversait ses eaux
en crue) la rend moins indispensable. Elle est rénovée notamment en 1935 et dans
les années 70, après avoir été tant bien que mal entretenue pendant la Seconde
Guerre mondiale. Elle se dresse toujours face à la Loire, en 2012.