Poésies de Michèle Lambert
habitante de la Baratte

 

La vie d'une pomme de terre
TCHOU-TCHOU
Beau Papillon

La plus ancienne des immigrés
Je fus partout transbahutée
Ballottée de mer en mer
Pour me cacher dans la terre.
Très longtemps contestée, boudée.
Grâce à M. Parmentier
J'ai élu domicile sur le sol français.
Que de qualificatifs l'on m'a donnée
De « patate » même affichée.
considérée par les autres
comme le mets du pauvre
Je fus victime de nombreux combats
Avant de m'apprécier dans tous les plats.
Parce que la pomme de terre
Était associée à la misère
Par ces « précieuses ridicules »
Qui n'aimaient pas cette tubercule.
Puis l'âge d'or est venu
Dans tous les pays je fus reconnue:
à toutes les sauces j'étais mêlée
Pour ma facilité à être cuisinée.
Dans toutes les classes de la société.
Partout on me voyait, partout je défilais
pour les paysannes, en robe des champs
Pour Les courtisanes , dans ma robe d'argent.
Puis j'ai connu l'âge d'or
Mais aussi des doryphores
Au grand dam des jardiniers
Qui m'exhibaient toujours sur le marché.
La critique fût aisée
Pourtant je vous ai sauvé
D'une terrible guerre
Celle de la misère
La famine sévissant
Sur tous les continents
De la grande disette
Pour éviter d'être « Cosette ». .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le déjeuner à peine terminé
Je m'empresse de voir s' il est passé
Cachée derrière la fenêtre
J'ai hâte qu'il se fasse connaître
Chut, il est sous le cerisier
Les oreilles pointues, dressées
Déterrant sa nourriture
Destinée à sa progéniture?
Tel l'avare cherchant sa cassette
Avec dextérité, il saisit une noisette
Qu'il roule avec ses mains comme un fumeur sa cigarette
Ça et là, en sème un peu partout
Tellement heureux, il fait son foufou
En mange également car il en est friand
En les cassant avec ses petites dents
Les croque avec passion
Faut dire qu' il est glouton!
Son pelage blanc sous le ventre lui donne un air d'hermine
On dirait un mannequin avec sa taille fine
Tout le reste est roux et soyeux
Il est admirable ce coquin, ce curieux.
Déployant sa queue touffue qu'il ramène près de sa tête
Comme une coquette ajustant sa collerette
Manifeste sa joie et commence la fête.
Il court, il court en faisant attention
Quand sous l'arbre soudain il voit sa provision
en prend une et va la cacher
À toute vitesse revient pour l'engranger
En met un peu partout
Va savoir , au cas où?
Il me regarde avec ses yeux noirs malins
Reste là assis, sait bien que nous sommes copains
Semble me remercier de l'avoir assisté
Pour la récompense que je lui ai donnée
En échange de s'être laissé admirer
Lui, le « sciurus » de la forêt
Sympathique écureuil roux
Que j'ai baptisé TCHOU-TCHOU.
Tchou- Tchou, tu ne le répèteras pas
Mais les noisettes que je te lance
Trouvées sur mon terrain
Proviennent du noisetier des voisins
J'en ai ramassé un plein panier
Tu en as eu les trois quart
Tu le mérites, c'est ta part
Le reste aussi, j'en ai profité
Pour faire de bons croquets
Toutefois, quand je vois sur le marché
Le prix des noisettes affiché
D'écureuil de luxe je t'ai surnommé.
Tu viens petit ami de me donner une leçon de courage
Peut-être lances-tu aux hommes un message ?
Que Dame Nature nous offre tout
Aux petits et aux grands qui savent tout
À nous d?en faire bon usage
Pour éviter le gaspillage
Savoir se protéger des faux amis
Pires que vos ennemis
Et que le bonheur c'est comme une fleur
Qu'il faut savoir cueillir à l'heure.
Par moment, j'ai envie de te prendre dams ma main
Sans jouer Blanche-Neige et les sept nains
L'apprentissage sera pour demain!
mais jamais en cage je te mettrais
C'est promis, c'est juré,
C'est trop beau la liberté

Assise sous un cerisier
Je commençais à rêvasser
Quand soudain un insecte
D'une beauté plus que parfaite
Avec des ailes
à la dentelle pareille
Se posa délicatement
Sur le dossier d'un banc.
De là, il pris son élan
En faisant de légers battements
Pour aller butiner les fleurs.
Jouir de sa couleur:
'Rouge et noir, c'était sentimental
On aurait dit du « Stendhal » !?
Tourbillonnant autour de moi
M'offrant un ballet féerique
Ce fût alors un grand émoi
Une communion presque magique.
Peux-tu me dire beau papillon
Quel est ton prénom?
Bien sûr, je n'eus pas de réponse
Mais dans ma clé des songes
Sans faire de mise en scène
Je l'ai baptisé « Marcel »
Du prénom de papa
Qui est parti dans l'au-delà.
Pour échapper au trépas
De ces lépidoptères
S'il le faut pas à pas
Je remuerai ciel et terre
Te mettrai sous ma protection
Avec mon association
Pour éviter la disparition
De Toi, mon Beau Papillon.

 

 


 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

Michèle Lambert le 11/10/2008

Michèle Lambert le 30mai 2008
Michèle Lambert