La
plus ancienne des immigrés Je fus partout transbahutée Ballottée de mer
en mer Pour me cacher dans la terre. Très longtemps contestée, boudée.
Grâce à M. Parmentier J'ai élu domicile sur le sol français. Que
de qualificatifs l'on m'a donnée De « patate » même affichée. considérée
par les autres comme le mets du pauvre Je fus victime de nombreux combats
Avant de m'apprécier dans tous les plats. Parce que la pomme de terre
Était associée à la misère Par ces « précieuses ridicules » Qui n'aimaient
pas cette tubercule. Puis l'âge d'or est venu Dans tous les pays je fus
reconnue: à toutes les sauces j'étais mêlée Pour ma facilité à être cuisinée.
Dans toutes les classes de la société. Partout on me voyait, partout
je défilais pour les paysannes, en robe des champs Pour Les courtisanes
, dans ma robe d'argent. Puis j'ai connu l'âge d'or Mais aussi des doryphores
Au grand dam des jardiniers Qui m'exhibaient toujours sur le marché.
La critique fût aisée Pourtant je vous ai sauvé D'une terrible guerre
Celle de la misère La famine sévissant Sur tous les continents
De la grande disette Pour éviter d'être « Cosette ». . |
Le déjeuner à peine
terminé Je m'empresse de voir s' il est passé Cachée derrière la fenêtre
J'ai hâte qu'il se fasse connaître Chut, il est sous le cerisier
Les oreilles pointues, dressées Déterrant sa nourriture Destinée à sa
progéniture? Tel l'avare cherchant sa cassette Avec dextérité, il saisit
une noisette Qu'il roule avec ses mains comme un fumeur sa cigarette
Ça et là, en sème un peu partout Tellement heureux, il fait son foufou
En mange également car il en est friand En les cassant avec ses petites dents
Les croque avec passion Faut dire qu' il est glouton! Son pelage
blanc sous le ventre lui donne un air d'hermine On dirait un mannequin avec
sa taille fine Tout le reste est roux et soyeux Il est admirable ce
coquin, ce curieux. Déployant sa queue touffue qu'il ramène près de sa tête
Comme une coquette ajustant sa collerette Manifeste sa joie et commence
la fête. Il court, il court en faisant attention Quand sous l'arbre
soudain il voit sa provision en prend une et va la cacher À toute vitesse
revient pour l'engranger En met un peu partout Va savoir , au cas où?
Il me regarde avec ses yeux noirs malins Reste là assis, sait bien que nous
sommes copains Semble me remercier de l'avoir assisté Pour la récompense
que je lui ai donnée En échange de s'être laissé admirer Lui, le « sciurus
» de la forêt Sympathique écureuil roux Que j'ai baptisé TCHOU-TCHOU.
Tchou- Tchou, tu ne le répèteras pas Mais les noisettes que je te lance
Trouvées sur mon terrain Proviennent du noisetier des voisins J'en
ai ramassé un plein panier Tu en as eu les trois quart Tu le mérites,
c'est ta part Le reste aussi, j'en ai profité Pour faire de bons croquets
Toutefois, quand je vois sur le marché Le prix des noisettes affiché
D'écureuil de luxe je t'ai surnommé. Tu viens petit ami de me donner
une leçon de courage Peut-être lances-tu aux hommes un message ? Que
Dame Nature nous offre tout Aux petits et aux grands qui savent tout
À nous d?en faire bon usage Pour éviter le gaspillage Savoir se protéger
des faux amis Pires que vos ennemis Et que le bonheur c'est comme une
fleur Qu'il faut savoir cueillir à l'heure. Par moment, j'ai envie de
te prendre dams ma main Sans jouer Blanche-Neige et les sept nains L'apprentissage
sera pour demain! mais jamais en cage je te mettrais C'est promis, c'est
juré, C'est trop beau la liberté
|
Assise sous un cerisier Je commençais à rêvasser Quand soudain un insecte
D'une beauté plus que parfaite Avec des ailes à la dentelle pareille
Se posa délicatement Sur le dossier d'un banc. De là, il pris son
élan En faisant de légers battements Pour aller butiner les fleurs.
Jouir de sa couleur: 'Rouge et noir, c'était sentimental On aurait dit
du « Stendhal » !? Tourbillonnant autour de moi M'offrant un ballet
féerique Ce fût alors un grand émoi Une communion presque magique.
Peux-tu me dire beau papillon Quel est ton prénom? Bien sûr, je n'eus
pas de réponse Mais dans ma clé des songes Sans faire de mise en scène
Je l'ai baptisé « Marcel » Du prénom de papa Qui est parti dans
l'au-delà. Pour échapper au trépas De ces lépidoptères S'il le
faut pas à pas Je remuerai ciel et terre Te mettrai sous ma protection
Avec mon association Pour éviter la disparition De Toi, mon Beau
Papillon.
|